Delhi, 6h15 du matin.
Ma chérie et moi habitons Delhi.
Ce matin-là, nous sommes dans un taxi, en route pour l’aéroport qui nous mènera pour une semaine jusqu’à un petit village de Goa et ses plages enivrantes..
Le jour se lève et nous longeons le métro aérien.
Feu rouge. Le taxi s’arrête. Le chauffeur a mis la clim..
L’ ambiance est tout confort. En mode occidental. Celui à qui il ne doit rien manquer.
Ce midi, il devrait faire autour des 45°. A vrai dire, ce feu me semble bien long.. quand j’aperçois cette scène :
Sous le pont, une famille arrivée d’on ne sait de quelle contrée et qui a visiblement établi son campement ici pour la nuit.
Je vois cet homme en train de prier. Je vois aussi cette femme se coiffer les cheveux comme si elle se trouvait seule, dans sa salle de bains. Ses pieds semblent perdus dans cet amas de couvertures couvertes de poussière dans laquelle gesticule un bébé..
Rien. Non vraiment rien d’autre en somme que la misère éclaboussante de deux adultes et d’un enfant sous un pont. Rien qu’une image de plus, dont nous avons appris à vrai dire à nous habituer au fil de nos voyages en Inde.
Mais tout, cette fois-ci.
Si l’on prend vraiment le temps d’ouvrir les yeux..
Ce jour là, je les ai ouverts, car j’étais réceptif au monde qui m’entourait.
Un monde que depuis des lustres, tout bien pesé, j’avais perdu de vue.
En mettant ses paumes l’une contre l’autre, cet homme appelle l’espoir, quel que soit le nom de son dieu, quelle que soit sa religion.
Les malheureux venus de toutes les régions d’inde afin de tenter l’aventure à la capitale ne manquent pas. Mais cet homme et sa famille m’a ému, m’a touché au cœur.
J’y ai souvent repensé.
Ce doit être ça, ressentir l’humanité.
J’ai pris cette photo rapide à travers la vitre du taxi, presque comme un voleur. En l’espace de 10 secondes.
Mais à chaque fois que je regarde cette simple photo, elle me rappelle que je ne suis qu’un simple humain parmi tant d’autres. Et ma notion de « consommateur installé en mode confortable »européen a changé depuis lors. Cette scène me rappelle également avec force que je ne dois jamais, quels que soient les obstacles, jamais oublier de vibrer, de ressentir, d’ aimer, ni même d’espérer.
Namaste