Les cinq « K », symboles sacrés de la religion des sikhs
Namaste !
Vous avez peut-être déjà remarqué la grande allure de certains hommes à longues barbes et à belles moustaches, (à ne pas confondre bien sûr avec nos Hipsters des grandes villes..:) pourvus d’un magnifique turban, d’un poignard doré à la ceinture, d’un bracelet en métal au poignet, et d’un caleçon unisexe..
He bien, ce sont des Sikhs. Vingt millions de fidèles, rien de moins que la cinquième religion du monde.
Une religion entre l’Hindouisme et l’Islam.
Un peu d’histoire..
Au XVème siècle, les moghols envahissent de nombreuses régions de l’inde et asservissent durement les indiens à la pratique de l’Islam. De son côté, la religion hindouiste en place à l’époque fait de même. Elle oppresse les populations, imposant des rites extérieurs obligatoires.
Le culte du végétarisme, les bains rituels, le port des amulettes ou encore le culte de la vache est imposé à tous. C’est à cette époque trouble qu’un hindou, Nanak, entame un pèlerinage en Inde, mais aussi en Perse, en Himalaya ou encore à Bagdad et à la Mecque.
Celui-ci pour se différencier choisit de se vêtir des habits rituels des fakirs hindous et des sadpis musulmans. En maitre fondateur, Nanak prône la paix et l’égalité entre les hommes ainsi que la tolérance vis à vis des nationalités, castes ou même des sexes.
Il existe à ce jour dix gourous dans la religion du sikhisme. Or, le dixième gourou du nom de Gobin Singh, mort en 1708, décida d’être le dernier des gourous.
Il demanda aux sikhs de rappeler par des signes extérieurs symboliques leur résistance aux persécutions infligées par l’Hindouisme et l’Islam. D’où le port du poignard notamment.
Les cinq « K » tirés du KHALSA, l’ordre vestimentaire et chevaleresque de la religion Sikh..
Ne jamais se couper les cheveux ni la barbe, (les poils non plus..) Couvrir ses cheveux sous un turban : le Kesh.
Un symbole qui rappelle que les cheveux représentent la vitalité chez l’homme. Quand à la barbe ou les poils, ils sont censés désigner la sagesse ou bien l’expérience..
Sur la photo, on peut voir un turban entourant le visage, ce qui ne fait pourtant pas partie des signes extérieurs obligatoires.. Cela lui permet simplement de tenir sa longue barbe qui trainerait peut-être par terre compte tenu de son âge.. J’espère que mes amis Sikhs ne m’en voudront pas.. mais franchement, cet homme méritait un shoot-photo !
Glisser un peigne dans son turban et en faire usage au moins deux fois par jour : Le Kangha.
Un symbole de propreté. Car les yogis ou sâdhus se rasent la tête lors de leur initiation, puis ne se coupent plus jamais leurs cheveux et ce, jusqu’à leur mort. Cheveux longs, chignons ou locks, leurs cheveux sont laissés tels quels. C’est là encore afin de se démarquer des symboles hindous que les sikhs soignent si bien leurs cheveux.
Porter un caleçon pour être toujours prêt au combat : le Kashhera.
Avant tout le symbole du guerrier et de la.. fidélité. Le Kachhera, sous-vêtement ample qui permet l’agilité au combat, ainsi qu’une facilité de mouvement à cheval durant la bataille. Il est supposé également préserver l’idée de la pudeur autant que celle de la fidélité..
Rappeler le sens du divin par un bracelet : le Kara.
Symbole rappelant l’importance du divin pour celui qui le porte, généralement en acier ou en fer pur, porté au bras droit pour les deux sexes. Il servait également de protège-poignet lors des batailles..
Un poignard fait pour protéger les faibles contre la tyrannie .. et mieux batailler contre notre ego : le Kirpan.
Une épée courte et courbe, portée à la ceinture et faite par des artisans chevronnés et ornée comme il se doit. Un article de foi qui rappelle l’idéal et représente l’essentiel du guerrier sikh.
Élément phare de la religion sikh, à savoir la lutte contre l’injustice, la tyrannie, la conversion forcée aux religions et la lutte contre son propre ego.. Un appel à la vigilance sur l’attachement, la colère, la convoitise, la fierté ou la cupidité. Une doctrine malheureusement toujours d’actualité.. Cela étant, pas si mal au « fond » le Sikkhisme..
Voilà, vous voilà débriefés un peu si vous ne connaissiez pas cette religion qui peut paraître pour le moins singulière au premier abord.
1984 ; Massacre à Delhi..
En 1984, une branche dure des sikhs revendique fermement son indépendance.
Retranchée dans leur temple d’Or, à Amristar, les rebelles se font massacrer par l’armée Indienne. En représailles, néanmoins, deux sikhs, gardes du corps de la première ministre Indira Gandhi l’assassinent. S’ensuit alors à Delhi le massacre de familles entières sikhs par les Hindous, ivres de colère et de rage…
Un massacre horrible et sanguinaire dont se souviennent encore les communautés hindou et sikh de Delhi. Plus de 3000 morts.. hommes, femmes et enfants confondus.. En vérité, une folie meurtrière.
C’est dans ce même Delhi, quelques années plus tard, que j’ai séjouné, moi, français, au coeur d’un quartier populaire. Se mèlaient donc dans cette fourmilière une multitude de peuplades différentes provenant de toutes les régions de ce pays-monde, l’Inde. Un monde aux antipodes de Paris où j’habite de nouveau.
Ainsi, je me devais de témoigner personnellement de la profonde gentillesse du peuple sikh résident au cœur de mon quartier, à Lajpat Nagar. Servant gratuitement des plats aux pauvres pour les fêtes sikhs.. Improvisant des stands de distribution de nourriture en pleine rue par simple envie de rendre service à son prochain. Un vrai resto du cœur, généré il y a plus de cinq siècles..
Finalement, qu’il soit Afghan, Indien du Sud comme du Nord, Tibétain, Népalais ou Européen, le service aux autres reste par conséquent une culture universelle chez les sikhs.
En résumé, s’il est vrai que le Khalsa et ses cinq « K » s’apparenterait plutôt à des parures guerrières qu’aux signes d’une religion pacifiste, les Sikhs dans les faits et dans leur histoire, n’ont, par conséquent, jamais vraiment cessé de défendre l’opprimé.
Une vérité historique que ne pourrait contester un peuple frère, les Hindous..